- nourrir
- NOURRIR. v. act. Substanter, servir d'aliment. En ce sens il s'employe d'ordinaire absolument. Le pain nourrit beaucoup. les fruits, les legumes ne nourrissent pas tant que la viande. ces viandes là nourrissent plus que d'autres. cela est fort succulent & nourrit beaucoup. le vin nourrit. On dit prov. que La soupe nourrit le soldat.Nourrir, Se dit aussi de toutes les choses dont les plantes & les arbres tirent leur suc pour la vegetation. La bonne terre nourrit les plantes, les arbres. mettre du fumier au pied d'un arbre pour le nourrir.Il s'employe souvent avec le pronom personnel, & alors il signifie, Se repaistre. L'homme se nourrit de pain & de viande. les chevaux se nourrissent de foin & d'avoine. dequoy est-ce que ces animaux se nourrissent.On dit d'Un enfant, qu'Il se nourrit bien, se nourrit mal, pour dire, que Les alimens luy profitent bien, ou ne luy profitent pas. Et d'un arbre planté dans une mauvaise terre qu'Il n'y trouve pas dequoy se nourrir, pour dire, qu'Il n'y trouve pas un suc convenable & suffisant. Et, Nourrir, dans ces phrases est neutre passif.Nourrir, signifie aussi, Entretenir d'alimens. Je l'ay vestu & nourri dix ans durant. les enfans sont obligez de nourrir leur pere & leur mere dans le besoin. il nourrit tant de valets. je luy donne tant par an pour me loger & pour me nourrir. ces enfans n'ont garde de croistre car ils ne sont pas nourris. ils sont mal nourris. il nourrit tant de chiens, tant de chevaux, il faut bien nourrir des chevaux, pour les faire bien travailler. nourrir des bestiaux. nourrir des poulets, des pigeons. nourrir des vers à soye, &c.On dit, qu'On est bien nourri, qu'on est mal nourri en quelque endroit, pour dire, qu'On y fait bonne chere, mauvaise chere.On dit prov. qu'Il n'y a point de si petit mestier qui ne nourrisse son maistre, pour dire, que Pour peu qu'on travaille on gagne dequoy vivre.On dit, qu'Un Pays en nourrit un autre, pour dire, qu'Il luy fournit ordinairement de vivres, La Normandie nourrit Paris. la Sicile nourrissoit Rome. On dit aussi, d'Une terre, d'un heritage qu'Ils nourrissent toute une famille, pour dire, qu'Ils fournissent suffisamment dequoy la faire subsister. Ce jardin le nourrit. cette terre nourrit toute sa famille.On dit, que Le bois nourrit le feu, pour dire, que Le bois entretient le feu, l'empesche de mourir, que La pommade nourrit le teint, pour dire, qu'Elle l'entretient en bon estat.Nourrir, se dit aussi, D'une femme qui donne à teter à un enfant. C'est elle qui l'a nourri. elle luy a nourri trois enfans. une mere qui nourrit son enfant est doublement sa mere. c'est une bonne nourrice, elle est capable de nourrir un Prince. elle a nourri entierement cet enfant. la nourrice qui a achevé de le nourrir.On dit aussi, qu'Une femme ne sçauroit nourrir d'enfans, pour dire, qu'Elle ne sçauroit les eslever jusques hors de l'enfance.Nourrir, signifie aussi fig. Instruire, eslever. Il faut avoir soin de nourrir les enfans à la vertu, à la pieté, les nourrir dans les sentimens de pieté & d'honneur. il a esté nourri auprés d'un tel Prince, nourri page du Roy, nourri enfant d'honneur de Monseigneur le Dauphin, il a esté nourri dans l'amour de la vertu, dans l'aversion du vice.On dit prov. qu'Un homme nourrit un serpent dans son sein, pour dire, qu'Il esleve un ingrat, un meschant qui le perdra, le ruinera quelque jour.Nourrir, se dit aussi fig. En parlant des choses qui servent à former, à façonner l'esprit, les moeurs &c. La science, la bonne lecture, la conversation des honnestes gens nourrit l'esprit. l'esperance nourrit l'amour. l'amour se nourrit d'esperance. les offices mutuels nourrissent l'amitié. se nourrir de la lecture des bons livres. se nourrir de la parole de Dieu.
Dictionnaire de l'Académie française . 1964.